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26 septembre 2006

Racisme et xénophobie en Russie: la liste des étudiants étrangers victimes de violence s'allonge

"Racisme et xénophobie en Russie: 
la liste des étudiants étrangers victimes de violence s'allonge"



Opinions



La mort du Sénégalais Samba Lampsar Sall le 7 avril dernier à Saint-Pétersbourg relance une fois encore le débat sur le racisme et la xénophobie en Russie, mais elle nous amène également à nous interroger sur la réaction du gouvernement russe face à ces débordements de violence.

Le meurtre du Sénégalais s
'ajoute à la liste déjà bien trop longue des crimes commis contre des étudiants étrangers par des groupes extrémistes, et nous amène à un constat évident, celui de la recrudescence des crimes à caractère racial. Selon les données du centre d'analyse et d'information, près de 44 décès ont été recensés durant l'année 2004 (dont 12 à Moscou et dans ses environs), 19 victimes et environ une centaine de blessés pour l'année 2005. Après Moscou et Saint-Pétersbourg, Voronej est maintenant l'une des villes les plus risquées pour les étudiants étrangers, particulièrement pour les étudiants de couleur.

Mais ces c
hiffres ne reflètent pas forcément la réalité, car il n'existe pas encore de statistiques fiables tant la terminologie utilisée est très vaste. Racisme, fascisme, xénophobie, si ces termes sous-entendent un rejet catégorique de "l'autre", sur quels critères peut s'appuyer la justice pour distinguer un homicide d'un règlement de compte banal ou d'un crime motivé par la haine raciale?

Quelle que so
it la validité des statistiques, on est d'emblée frappé par le paradoxe que vivent actuellement nos sociétés. Provoquée par l'ouverture des frontières et la migration des travailleurs qui s'inscrivent dans la logique de la mondialisation, la rencontre inévitable des différentes cultures prend davantage la forme d'une collision ethnique à un niveau plus individuel.

La plupart
des étudiants russes interrogés condamnent sans équivoque cette montée des violences perpétrées à l'égard des étudiants étrangers. Parallèlement, comparée aux États-Unis cette tendance est très vite relativisée: "Combien de Noirs et de Latino-Américains sont tués là-bas chaque année?", demande Dimitri. "La Russie est constamment montrée du doigt, cela est injuste, les chiffres sont bien plus alarmants en Allemagne ou en Amérique du Nord."

En R
ussie, la réaction des pouvoirs publics face à cette recrudescence de crimes à caractère racial ne s'est pas fait attendre. Plusieurs arrestations ont été effectuées, le ministère des Affaires étrangères s'est dit résolu pour sa part à poursuivre une "lutte sans compromis contre toutes les manifestations d'antisémitisme, de xénophobie et d'intolérance religieuse" et comme on a pu le constater lors du procès d'Alexandre Koptsev, arrêté pour tentative d'homicide volontaire motivée par des raisons "religieuses et ethniques" contre huit personnes dans une synagogue à Moscou, les violences à caractère racial ont dans l'ensemble bénéficié d'une large couverture médiatique autant en Russie qu'en Occident.

Les autorités semblent un p
eu décontenancées face à cette recrudescence de violence. D'ailleurs aucune politique de fond n'a jusqu'ici été élaborée. Un projet de loi approuvé par le cabinet des ministres le 13 avril prévoit l'introduction, au sein du code criminel, d'un article visant à élargir la définition des "actes de vandalisme." Le projet de loi prévoit des sanctions pouvant aller jusqu'à trois ans de prison pour délit de ce genre, motivé par des raisons idéologiques, politiques, nationalistes, raciales ou de haine religieuse. Des amendes allant jusqu'à 100.000 roubles (près de 3.000 d'euros) sont également prévues pour la diffusion de symboles incitant à la haine ethnique, religieuse ou idéologique. La Chambre civile de Russie a tenu sa deuxième réunion plénière consacrée spécialement à la lutte contre la xénophobie et l'extrémisme.

Se
lon mon collègue Youri Filippov, si les politiques libérales mises en place par le gouvernement ont permis l'ouverture de la société russe, en revanche le libéralisme russe n'a pas su expliquer à la société la nécessité d'entretenir une attitude tolérante, un dialogue pacifique ou respectueux envers l'étranger. Cette faiblesse propre au libéralisme russe actuel est, selon-lui, l'une des principales causes de l'explosion du nationalisme en Russie. Mais la tâche est immense, car si comme l'affirme le procureur général de Russie, Vladimir Oustinov, " la cause principale des violences réside dans les mentalités", selon les données du Fonds "Opinion et société", 12% de la population sympathise avec le fascisme et selon la Chambre civile (principale organisation de la société civile russe), 53% de la population du pays soutient le mot d'ordre nationaliste "La Russie aux Russes!"

Il
semble également qu'on ne mesure qu'aujourd'hui les conséquences de la crise sociale et morale qui a touché la Russie au début des années 1990. Si les groupuscules de skinheads et autres groupes extrémistes se sont multipliés à mesure que les conditions économiques se sont améliorées en Russie, c'est sans doute parce que la hausse du PNB peine à se répercuter au niveau social et culturel. Parallèlement on constate que le fossé entre les plus riches et les plus démunis se creuse de plus en plus. Selon André, un jeune ingénieur du son originaire de Voronej, "Les jeunes sont aujourd'hui très désoeuvrés, ils se sentent délaissés par le gouvernement et sont partagés entre la pénétration de la culture Pepsi et MTV et la préservation de leur propre culture qui a elle-même énormément changé depuis la mise en place de politiques économiques libérales. De plus, depuis la fin de la guerre froide, il préexiste chez les plus extrémistes un complexe d'infériorité et du même coup une soif de vengeance. Ils trouvent dans ces jeunes étrangers des coupables faciles et accessibles et les jugent responsables de leur condition."

Au début
 du mois d'avril s'est d'ailleurs ouvert le procès sur la mort le 9 octobre 2005 d'un Péruvien âgé de 18 ans. Le tabassage à mort du jeune rappeur sous prétexte de sa tenue vestimentaire (les jeans baggy et les casquettes semblent peu tolérés à Voronej) confirme là encore une incompréhension flagrante des uns vis-à-vis des autres. Devant la recrudescence des crimes touchant les jeunes étrangers venus passer un court séjour universitaire, des consignes de sécurité leur ont été données. Il est désormais conseillé aux étudiants étrangers ne pas sortir tard le soir et surtout d'être constamment accompagnés. Triste séjour pour ces jeunes venus d'ailleurs...

(L'avis de l
'auteur ne coïncide pas forcément avec celui de la rédaction).

Par Laurent Berber pour RIA Novosti 

www.droits-fondamentaux.prd.fr


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