Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Kamit Union
Kamit Union
  • Union Kamit, Panafricain, Afrocentrique, conscience noire, Kémit... « Un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines. » [ Marcus Garvey ]
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
22 juin 2006

Edmond Albius

496792733_small1Peu de gens connaissent l'histoire d'Edmond Albius, esclave qui à l'âge de 12 ans a révolutionné la culture de la vanille à l'île de la Réunion.

La Naissance d'un esclave

Edmond est né esclave en 1829 dans une petite commune agricole de la union qui s'appelle Sainte-Suzanne. Elle se trouve à l'est de l'île dans une région qui, aujourd'hui encore, est restée agricole. Sa mère meurt en le mettant au monde, Edmond se retrouve donc seul au monde. En effet, comme tout esclave, il ne connaît pas son père, uni à sa mère par la volonté du maître, simple géniteur, producteur de main d'œuvre supplémentaire pour les planteurs. A la Réunion, comme dans les autres colonies françaises tropicales, c'est l'esclavage qui permet aux propriétaires de faire fortune. Les hommes vivant sur les plantations sont donc privés de tous leurs droits d'Etres humains, à commencer par celui de la paternité. Ainsi, Edmond est la propriété de l'habitation sur laquelle il est né. Il ne possède que la vie que le maître choisira de lui accorder.

Offert en cadeau

Pour des raisons inconnues, la maîtresse de la plantation décide de ne pas garder ce petit esclave. Elle le donne à son frère, un passionné de botanique, propriétaire, lui aussi, à Sainte-Suzanne. Edmond change donc de propriétaire et appartient désormais à Ferréol Beaumont Bellier. D'un naturel curieux, intelligent, il aime observer la nature et fait preuve de beaucoup d'attention. C'est Ferol Bellier qui le décrit ainsi, bien après qu'il l'ait affranchi. Ceci explique sans doute qu'il en ait fait l'un de ses jardiniers.

Jardinier s la petite enfance

Dès son plus jeune âge Edmond va donc travailler pour ce maître, qui mène des recherches sur la vanille et d'autres espèces installées dans son jardin. C'est ainsi qu'il l'aidera à féconder les fleurs d'une plante de la famille des citrouilles appelée Jolifiat. Férreol Bellier écrira même : « J'enseignais au petit Noir, Edmond à cueillir les fleurs mâles et à les poser avec soin sur les fleurs femelles, qui portent l'embryon du fruit. » C'est ainsi sans doute, à passer ses journées à féconder des plantes, qu'Edmond va, à son tour, se passionner pour cet environnement. Selon différents récits rappors sur la plantation, Edmond aurait éle « préféré » de ce maître, qui écrit lui-même, qu'il était constamment avec lui.

Gousses de vanille

Pendant des anes, Ferréol Bellier, cherche une méthode pour obtenir une gousse de vanille. A cette époque personne ne parvient à féconder les vanilliers de manière artificielle. Lorsque Edmond a 12 ans, il y a bien longtemps qu'il travaille avec son maître. Un jour qu'il se promène avec lui dans son jardin, Ferréol Bellier observe une magnifique gousse de vanille et s'en émerveille. Edmond, lui fait savoir que c'est lui qui a fait cela. Sur le coup, son maître ne le croit pas, d'autant qu'à la Réunion il y a des années que de nombreux botanistes s'intéressent au vanillier, sans trouver de solution pour lesconder. Il est donc impossible pour Ferréol Bellier de croire qu'un esclave de 12 ans, analphabète, sans aucun savoir scientifique élaboré, puisse réaliser une telle découverte.

La découverte d'Edmond

Quelques jours plus tard le maître de la plantation constate, en se promenant à nouveau dans son jardin, qu'une deuxième gousse est apparue. Il commence donc à se poser des questions sur ce que lui a dit Edmond et le soumet à un interrogatoire. Le petit garçon est alors capable de lui expliquer clairement de quelle manière il a procédé pour obtenir de si belles gousses. Avec ses mots d'enfant, il raconte à son maître comment il a pris une petite pointe pour retirer la fleurle et la mettre sur la fleur femelle. Edmond avait tout simplement reproduit ce que son maître lui avait appris pour la culture de la citrouille.

Un succès dans toute l'île

Convaincu par son récit, Ferol Bellier fait savoir aux planteurs de l'île de la Réunion ce que son jeune esclave a découvert. La nouvelle les intéresse tous. Des écrits de l'époque témoignent de l'engouement des grands propriétaires pour la découverte d'Edmond qui, prêté par son maître, se rendait de plantation en plantation pour montrer à tout le monde comment il faisait pour obtenir des gousses de vanille.

Une vie sans changement pour l'esclave

Edmond venait de créer la condation artificielle de la vanille, ce qui permit à de nombreux planteurs réunionnais de s'enrichir. Malheureusement pour lui, il n'était qu'un esclave. Soumis au code noir il ne pouvait prétendre à aucune gratitude ni aucune rémunération. Pas question non plus de bénéficier d'un traitement de faveur et, malgré les déclarations écrites de son maître plus de 10 ans après l'abolition de l'esclavage, visant à faire croire qu'il lui était particulièrement attaché, a aucun moment l'ie ne lui est venue d'affranchir Edmond, avant que la loi française ne l'impose aux planteursunionnais en 1848.

Un refus collectif de reconntre son génie

Seul mérite, qui ne peut être enlevé à Ferréol Bellier, le fait de ne pas avoir privé Edmond de sa découverte, dont il aurait fort pu s'octroyer la paternité. Malgré cette honnêteté scientifique, et bien qu'à cette époque on ne mette normalement pas en doute la parole d'un maître, la condition d'esclave d'Edmond fait qu'un nombre considérable de planteurs refuse d'accepter l'idée qu'un esclave de 12 ans ait pu faire sciemment une telle découverte. On va même jusqu'à le décrire comme un enfant turbulent que son maître doit punir fréquemment, avec un caractère difficile et rancunier. Certainscits laissent croire que pour se venger d'une punition, Edmond aurait écrasé des vanilliers, provoquant ainsi une fécondation involontaire.

Un maître au comportement ambivalent

Une partie de la correspondance de Ferréol Bellier permet de nuancer la relation certainement singulière qu'il pouvait avoir avec cet esclave. On y découvre qu'il a tenté de faire une démarche auprès du gouverneur de l'île pour pouvoir payer Edmond pour son travail et sa découverte. Ce fut une fin de non recevoir et Ferréol Bellier n'a sans doute pas voulu prendre le risque d'être lui-même pénalisé et mis à l'indexe, le code noir interdisant aussi aux maîtres de rémunérer leurs esclaves. Il ne pouvait donc pas envisager de traiter Edmond autrement que ses autres esclaves, sauf à risquer, lui-même, d'être sévèrement sanctionné par l'application du code noir. Cependant l'étrangeté de sa relation avec le petit Edmond reste entière, car malg l'affection qu'il dit lui porter, il ne l'a pas vraiment soutenu durant le reste de sa vie, même après qu'il ait du l'affranchir en 1848.

Un esclave affranchi sans ressources

Edmond reçoit alors un nom d'homme libre : Albius, et pas un centime de son maître qui, à ce moment là, aurait très bien pu le récompenser pour sa découverte et l'enrichissement dont il avait bénéficié grâce à cela. Comme beaucoup d'esclaves après leur émancipation, Edmond se retrouve donc livré à lui-même. Il n'a eu aucun accès à aucune instruction. Il ne sait donc ni lire ni écrire. De plus totalement démuni, il cherche du travail. Un officier de la garnison à Saint-Denis l'emploie comme cuisinier.

Condamné et emprisonné

En 1852, il est impliqué dans une histoire de vol de bijoux. Aujourd'hui encore il n'y a pas de trace de sa culpabilité. Condamné à 5 ans de travaux forcés, il sera pourtant emprisonné et enchaîné. Selon certains récits sa condition de prisonnier aurait été plus pénible, à ce moment là, que la condition d'esclave qui lui avait été faite sur la plantation de Ferol Bellier.

Son ancien maître le fait libérer

Son ancien maître apprenant sa condamnation, écrira pourtant une lettre au gouverneur, plaidant en sa faveur pour lui obtenir une remise de peine. Dans ce courrier il rappellera que l'île Bourbon doit être reconnaissante envers Edmond, puisque c'est lui qui a trouvé la manière de féconder la vanille. En effet en 1848, l'île exportait sa première cargaison de vanille, qui ne faisait pas plus de 50 kg. A la fin du 19ème scle plus de 100 tonnes étaient exportées. La requête de Mr Bellier sera donc entendue et Edmond libéré en 1855.

Une fin de vie difficile

Là, encore une fois, il se retrouve sans argent et son ancien maître n'en fera pas plus pour lui. Il n'a donc d'autres possibilités que de se louer pour aller travailler dans les champs. Une activité très pénible pour lui, car, jusqu'ici, il n'a jamais été contraint de s'y soumettre, même quand il était esclave sur la plantation de son maître. Très peu d'informations sont disponibles sur la fin de sa vie. Il est mort en 1880, dans un hospice de Sainte-Suzanne dans le dénuement le plus total.

Des années après sa mort, les rumeurs continuent

Un hommage cent


Il faudra attendre 1980 pour qu'une stèle soit enfin érigée en son honneur dans sa commune natale de Bellevue, afin que nul n'oublie qu'un petit esclave de 12 ans avait fait là une découverte qui aura enrichi toute l'île, dont l'image de marque aujourd'hui encore est fortement imprégnée par la qualité de sa fameuse : « vanille Bourbon » à la réputation internationale. Il reste également de lui quelques images, gravures ou photos qui nous présentent un homme de taille moyenne très correctement vêtu, pantalon blanc et veste égante, au visage ts difrent selon les images, mais au regard profond et attachant.


Malgré le fait qu'Edmond ait laissé un véritable héritage à l'île sur laquelle il était esclave et qu'il est avéré de longue date que c'est bien lui qui a trouvé le moyen deconder artificiellement la vanille, les planteurs de la Réunion avaient encore des difficultés au début du siècle, à admettre qu'un esclave ait pu découvrir la fécondation de la vanille avant eux. Un botaniste, Jean-Michel-Claude Richard a même tende s'approprier sacouverte prétendant que c'était lui qui avait appris à Edmond comment féconder le vanillier. En 1913 un journal réunionnais fait courir la rumeur qu'Edmond aurait été blanc.

Source

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité