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25 mai 2006

Sarkozy provoque au pays des expulsés

Sarkozy provoque au pays des expulsés

Immigration . Au lendemain du vote de la loi CESEDA, la visite du ministre de l’Intérieur au Mali soulève un tollé dans la société civile, qui prend sa venue comme une insulte.

« Une provocation ». Dans la société - civile et jusque dans certains cercles officiels, l’expression revient dans de nombreuses bouches pour qualifier la visite de Nicolas Sarkozy au Mali, le jour même du vote d’une loi qui prétend barricader la France et opérer un tri sélectif parmi les immigrés. Une loi rebaptisée « anti-immigration » par le collectif des 21 députés de la région de Kayes, auxquels viennent de se joindre des députés de la région de Gao. Les parlementaires se disent « solidaires des Maliens de France, dont la situation sera encore précarisée par cette loi » qu’ils jugent « contraire à l’amitié et l’estime mutuelle qui existent entre les peuples français et malien ».

une visite instrumentalisée

À Bamako, où l’atterrissage de chaque avion d’Air France est synonyme d’expulsions avec l’arrivée de Maliens menottés encadrés par des policiers, les réactions de colère et d’indignation fusent. Hier, une manifestation de deux cents personnes, partie de la Bourse du travail, a été bloquée à son arrivée aux abords de l’ambassade de France. « Sarkozy, xénophobe, raciste. Non au mépris, oui à une coopération respectueuse », pouvait-on lire sur une banderole.

À Kayes, région dont sont originaires la plupart des Maliens de France, deux cents élus locaux se sont joints à une manifestation. À l’initiative du Conseil national de la jeunesse, des associations appelaient à une nouvelle marche pour protester contre la venue du ministre français. Un sit-in était prévu dans la soirée aux abords de l’Hôtel de l’Amitié où il devait loger.

Plusieurs partis politiques maliens, dont Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (SADI), qui participe à la coalition gouvernementale, ont par ailleurs exprimé leur opposition à cette visite et appelé leurs membres à se joindre aux protestations. « Cette visite de Nicolas Sarkozy au Mali vise à légitimer la politique de répression que le gouvernement français a engagée contre les travailleurs immigrés », souligne ce parti qui va jusqu’à qualifier le concept « d’immigration choisie » de « fondamentalement raciste ».

Si ce projet de loi, qui durcit considérablement les conditions d’entrée en France tout en organisant le pillage des cerveaux, est en cause, de nombreux Maliens n’apprécient guère l’instrumentalisation d’un ministre français de l’Intérieur qui compte faire de cette visite, dans la foulée du vote de mercredi, une étape de sa campagne présidentielle. « La loi CESEDA à visée électoraliste franco-française mise en place par le ministre Sarkozy nous heurte à plus d’un titre, s’indigne dans un communiqué l’Association des expulsés maliens. Elle précarise et criminalise l’immigration du Sud (...). Ce projet de loi est une atteinte aux droits des travailleurs, aux droits de l’homme et encourage le racisme et la discrimination. C’est pour cela que cette visite nous est insupportable. » Expulsions, sort réservé à leurs compatriotes résidant en France, refus de délivrer des visas à des étudiants pourtant inscrits dans des universités françaises... La Confédération syndicale des travailleurs du Mali n’hésite pas, de son côté, à exprimer « son amertume et la profonde consternation » face à la venue de « celui qui semble être l’ennemi juré de tous nos frères travailleurs immigrés en France ».

nicolas sarkozy plastronne

Autre argument, qui a trait celui-là à l’histoire de l’ex-colonie : l’injustice ressentie par les descendants de combattants pendant les deux guerres mondiales. « Les Maliens ne comprennent pas l’ingratitude de la France, pour la défense de laquelle leurs aïeux sont tombés sur le champ de bataille », résume Valé Moussa Sissoko, journaliste à l’Agence malienne de presse. Là encore ressurgit un passé colonial dont tout examen lucide est assimilé par le ministre de l’Intérieur à de « l’autoflagellation ».

Autant de protestations qui n’empêchent pas Nicolas Sarkozy de plastronner. Contrairement au CPE, il n’y a pas, a-t-il jugé à son arrivée à Bamako, de « risques de polémique » sur un projet de loi qu’il veut croire, sondages à l’appui, en phase avec les attentes des Français. « Ce mot "choisi", c’est un peu court pour faire une polémique », a lancé le pourfendeur des « droits-de-l’hommistes » en fustigeant, pour en rajouter dans la provocation, « une immigration familiale subie », en référence au regroupement familial dont sa loi durcit les conditions.

une tournée d’afrique

Celui qui avait déclaré, le 4 septembre 2005, à l’université d’été de l’UMP : « La France ne peut pas être accueillante que pour ceux dont personne ne veut », résumant la teneur de sa politique d’immigration, se rendra, après le Mali, au Niger puis au Bénin, l’ex-Dahomey, à partir duquel ont été déportés des millions d’esclaves vers les Amériques. Le même, quelques jours après la première journée de commémoration de la traite, de l’esclavage et de ses abolitions le 10 mai, s’en prenait violemment à ceux qui cherchent selon lui « à réécrire l’histoire pour culpabiliser notre nation ».

Rosa Moussaoui

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